Ministre de l’Agriculture depuis mai 2022, le dirigeant centriste, reconnu pour sa connaissance des dossiers, veut se voir comme « une caisse de résonance » des problèmes à traiter. Une caisse qui n’a pas toujours pu se faire entendre.
On ne se refait pas. Marc Fesneau déteste tout ce qui peut ressembler à une mise en scène. Alors mardi, si le ministre de l’Agriculture a très vite décidé, avec Matignon, de se rendre à Pamiers en Ariège, pour, a-t-il sobrement déclaré devant la mairie, « témoigner de l’émotion de la nation face au drame » qui venait de toucher les agriculteurs sur place – avec le décès d’une agricultrice puis de sa fille dans un accident sur un barrage -, il a un instant hésité par pudeur.
Pas la peine d’ulcérer plus encore un terrain qu’il sait déjà très éprouvé. Mais impossible de ne pas marquer le coup. « C’est une crise du trop-plein, avec une accumulation et une conjonction de sujets conjoncturels et structurels », dit-il. Il y voit un besoin de « reconnaissance », de considération, une « colère contre la relégation, le mépris, le déclassement ».
Forcer sa nature
Ce qu’il appelle aussi « le tabassage » des agriculteurs dans une société qui, en même temps, selon un sondage Elabe publié mercredi, soutient leur mouvement à 87 %. Une crise, aussi, dans laquelle il reconnaît le besoin de « cohérence », alors qu’en période d’inflation par exemple, l’accent à Bercy a été mis sur les demandes à la grande distribution de baisse des prix. Difficile pour les revenus des agriculteurs, malgré les lois Egalim.
Par Isabelle Ficek