Un amendement du Modem au projet de loi de Finances instaurant une « flat-tax » de 35 % sur les dividendes qui dépassent de 20 % la moyenne de ceux versés au cours des cinq dernières années a été adopté mercredi soir. Un nouveau revers pour l’exécutif, opposé à la mesure. Le gouvernement a promis de ne pas dégainer cette semaine l’article 49.3 pour faire adopter sans vote le budget.

Après les « super-profits » , les « super-dividendes ». Mercredi soir, dans l’hémicycle du Palais Bourbon, les députés ont adopté un amendement au projet de loi de Finances pour 2023 visant à imposer un prélèvement forfaitaire unique de 35 % – soit 5 points au-dessus de la « flat tax » existante – sur les dividendes qui dépassent de 20 % la moyenne de ceux versés au cours des cinq dernières années. Une proposition portée par le président du groupe Modem à l’Assemblée, Jean-Paul Mattei, que le gouvernement sera probablement contraint de garder dans le budget.

Malgré les demandes de retrait du ministre du Budget, Gabriel Attal, et du rapporteur (Renaissance) Jean-René Cazeneuve, l’amendement a recueilli 227 voix. Il a reçu le soutien des groupes politiques de gauche membres de la Nupes et du RN, mais aussi de 4 élus LR et de 19 députés macronistes de Renaissance, dont Freddy Sertin, le suppléant d’Elisabeth Borne à l’Assemblée et Sacha Houlié . Les élus d’Horizons se sont pour la plupart abstenus.

Le Modem a expliqué qu’il était favorable aux mécanismes européens de mise à contribution des énergéticiens, défendus par le gouvernement, mais qu’il fallait aller plus loin.

Prélèvement forfaitaire unique

« Il apparaît nécessaire d’encourager ces entreprises – notamment celles du secteur énergétique mais aussi les transporteurs ainsi que les banques et assurances – à mettre à profit ces résultats exceptionnels pour investir, notamment pour faire face aux défis très importants que pose et posera à moyen terme le changement climatique à la planète, à nos modes de vie mais aussi, de manière plus concrète pour ces entreprises, à leur modèle d’affaire », peut-on lire dans l’exposé des motifs.

Dividende exceptionnel

« Cet amendement [du gouvernement, NDLR] a le défaut de laisser quasiment de côté les entreprises qui font beaucoup de bénéfices mais ne les déclarent pas en France, comme Total », a pointé l’Insoumis. Il a aussi souligné que la proposition de Jean-Paul Mattei répondait en partie au débat sur l’utilisation des profits, qui peuvent servir à investir ou à rémunérer les actionnaires.

Il y a quelques semaines, TotalEnergies a notamment annoncé le versement d’un dividende exceptionnel. Avec son programme de rachat d’actions, c’est entre 35 % et 40 % du cash flow qui ira aux actionnaires cette année. Mais le géant pétrolier prévoit aussi de se désendetter et d’investir dans la transition énergétique.

Par Isabelle Couet

Publié le 13 oct. 2022 à 10:08Mis à jour le 13 oct. 2022 à 10:54