Les prix à la consommation ont grimpé de 8,6% sur un an au mois de juin, contre 8,1 % le mois précédent. Désormais, l’inflation dépasse les 10% dans neuf pays de la zone euro. Les risques de récession augmentent de plus en plus.

Doucement mais sûrement, l’inflation dans la zone euro se rapproche de la barre des 10%. Selon Eurostat, l’institut européen de statistiques, les prix à la consommation ont grimpé de 8,6 % sur un an au mois de juin, contre 8,1 % le mois précédent. Désormais, l’inflation dépasse les 10 % dans neuf pays de la zone euro.

C’est inédit. D’autant que cette augmentation de l’inflation intervient alors que la hausse des prix a ralenti en Allemagne en juin, en raison des subventions mises en place par la coalition au pouvoir de l’autre côté du Rhin. Or, l’Allemagne représente environ 30 % du PIB de la zone euro.

Le bond des prix de l’énergie

Comme c’est le cas depuis bientôt un an, c’est la flambée des prix de l’énergie qui explique cette nouvelle accélération de l’inflation. Ils ont bondi en un an de 42%, notamment en raison de la guerre en Ukraine. La Russie ayant commencé à réduire ses livraisons de gaz à plusieurs grands pays de la zone euro, les prix restent très élevés sur les marchés et chacun en Europe, le gouvernement allemand en premier lieu, craint une pénurie cet hiver. La hausse des prix de l’énergie explique un peu plus de la moitié de la progression de l’inflation depuis un an.

Vers la récession ?

Voilà qui ne fait les affaires de personne en Europe. D’abord pour les consommateurs. Leur pouvoir d’achat est amputé par l’inflation à court terme, ce qui va mécaniquement peser sur la demande.

Les entreprises , elles, vont probablement être amenées à augmenter leurs prix de vente progressivement, en raison de la hausse de leurs coûts et des revendications salariales qui ne manqueront pas de refaire surface dans les prochains mois. Ce qui fait dire à Patrick Artus, chef économiste de Natixis que « le risque inflationniste est plus élevé aujourd’hui dans la zone euro qu’aux Etats-Unis». Le risque de pénurie de pétrole, et de gaz avec la guerre en Ukraine, du rattrapage des salaires qui reste à venir sur le Vieux Continent, de la dépréciation de l’euro qui tire le prix des importations à la hausse et du soutien du pouvoir d’achat par les Etats européens, ce qui n’est pas le cas aux Etats-Unis.

Les économistes sont tous en train de réviser à la baisse leurs prévisions de croissance pour cette année et l’an prochain dans la zone euro. Début juin, dans ses nouvelles prévisions, la Banque centrale européenne (BCE) évoquait un scénario pessimiste , qui intégrait la coupure totale du gaz russe cet hiver. Dans ce cas, la récession serait forte. L’inflation atteindrait en moyenne 8% dans la zone euro cette année et serait encore de 6,4% l’an prochain. Le PIB chuterait même au deuxième semestre de cette année et baisserait de 1,7% l’an prochain. Sans compter qu’en cas de pénurie de gaz, le rationnement ne sera pas facile à mettre en place pour les démocraties. L’arbitrage entre le fait de minimiser les coûts économiques et les coûts politiques promet de belles passes d’armes en Europe.

Par Guillaume de Calignon

Publié le 1 juil. 2022 à 12:22Mis à jour le 1 juil. 2022 à 14:54