Prix qui se dégonflent, construction à l’arrêt, marché locatif sous pression. L’heure est grave dans l’immobilier. La crise qui touche la France depuis plusieurs mois concerne désormais de nombreux pays. Que ce soit en Allemagne, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis ou encore en Chine.

C’est un fait : la France traverse une grave crise du logement. Les alertes se sont multipliées ces derniers mois dans le secteur. Car tous les pans du métier sont touchés : la vente dans le neuf, dans l’ancien et même le locatif.

Cette grave crise, appelée à durer, est multifactorielle : flambée des coûts de construction, baisse du pouvoir d’achat des Français, durcissement des conditions d’accès au crédit immobilier ou encore nouvelles normes énergétiques… Face à l’amplification du phénomène, le gouvernement a été forcé de réagir en proposant un plan logement dont certaines mesures doivent encore être précisées.

Au-delà de nos frontières, la situation n’est toutefois guère meilleure. Aux Etats-Unis, par exemple, la taille moyenne des maisons individuelle a baissé de 10 % en cinq ans sous l’effet des prix qui montent. En Chine, la descente aux enfers d’un autre promoteur géant de l’immobilier en dit long sur la situation du secteur dans le pays. L’Allemagne et le Royaume-Unis ne sont pas en reste.

Retour sur les grands points noirs du secteur immobilier, secoué depuis le début de l’année 2023.

 Le marché du neuf à l’arrêt

S’il fallait choisir un point de départ à la crise du logement, ce serait peut-être celui de l’effondrement du marché de l’immobilier neuf.

Les réservations d’appartements, qui ont déjà chuté de près de 25 % sur un an en 2022, se sont nettement aggravées depuis le début de l’année (-34 %). Elles ont atteint le niveau le plus bas enregistré depuis dix ans par la Fédération des promoteurs immobiliers, la FPI. La chute a même atteint 52 % pour les réservations des particuliers. L’investissement dans l’immobilier résidentiel s’est, lui, effondré de 83 % à 530 millions d’euros au premier trimestre 2023, par rapport à la même période un an plus tôt.

Les ventes de maisons neuves (hors lots de maisons vendus par des promoteurs) ont, elles, chuté de plus de 31,3 % l’an dernier, selon Pôle Habitat FFB, à 96.000 unités. Le rebond post-Covid a fait long feu. Pour la fédération de constructeurs, « une telle dégradation n’avait jamais été observée auparavant, même pendant la crise des subprimes de 2008-2009 ». Au deuxième trimestre 2023, le volume de ventes dans le neuf est tombé au niveau du creux de 2020, alors en pleine pandémie.

Les causes de cette situation n’ont pas échappé aux acteurs du marché immobilier. Au premier rang desquelles les « énormes hausses du prix des matériaux de construction et de la sous-traitance » survenue en 2022 dans la foulée de la guerre en Ukraine et de la flambée des tarifs de l’énergie, souligne Damien Hereng, président de la Fédération des constructeurs de maisons individuelles (FFC).

Autre facteur : la chute du nombre d’autorisations de permis de construire délivrés par les maires. Fin juin, ce chiffre était en baisse de 19,6 % sur un an, selon les chiffres du ministère de la Transition écologique, avec 100.000 permis perdus en douze mois. Les maires, eux, affirment faire « face à des contraintes beaucoup plus fortes qu’auparavant » et être « beaucoup plus exigeants sur les projets », selon Thierry Repentin, maire divers gauche de Chambéry (Savoie) et coprésident du groupe de travail logement de l’Association des maires de France (AMF).

Par Enrique Moreira

Publié le 7 sept. 2023 à 15:00 Mis à jour le 7 sept. 2023 à 15:01
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